Accueil

Petit article concocté par votre humble serviteur et fort inspiré du Mons-Mines du Bal des Mines de 1974, Merci à "Ambiorix"


Un peu d’histoire


Notre propos n'est pas, dans les lignes qui suivent, de faire œuvre d'historien; nous désirons uniquement retracer l'historique de notre chère Faculté. Nous le ferons très succinctement, en insistant peut-être un peu plus sur les faits qui appartiennent à un passé déjà lointain. Que le lecteur nous soit donc indulgent!




  • 1 . Heureux événement en Hainaut.

1830! La Belgique est libre! Le premier effort de notre premier souverain et de son gouvernement se porte vers l'organisation de l'Etat et de son armée, car notre liberté n'est pas encore assurée. Mais cela ne suffit pas à assurer la viabilité du jeune Etat: il faut encore permettre une vie économique indépendante et, pour cela, former des cadres. C'est à quoi chacun s'attache.

Jean-Baptiste Thorn, premier gouverneur de la province du Hainaut va y penser, à son échelon. Le Borinage bénéficie certes de mines très développées, mais il est à la remorque de l'extérieur lorsqu'il faut faire face à des incidents d'exploitation ou à des problèmes de direction. Le Gouverneur Thorn n'hésite pas: le 10 octobre 1836, il propose au Conseil provincial que soit créée à Mons une Ecole des Mines du Hainaut Dès le 20 octobre, l'accord est acquis à condition que l'Etat subsidie l'institution nouvelle et que la ville fournisse les locaux. Ces conditions sont très vite remplies et, le 1 novembre 1837, l'Ecole ouvre ses portes au n° 5 de la rue des Ursulines, l'ancien hôtel de la famille de Fouleng. Elle allait y rester jusqu'en 1879 !

La tache n'était pas terminée pour autant: encore fallait-il donner à la nouvelle venue une mission, un programme et des hommes à même d'instruire et de gérer.

Une mission! Vivant intensément les problèmes de sa province, le gouverneur n'était pas en peine de la fixer: « L'Ecole avait pour objet de former de bons extracteurs de mines, des directeurs instruits pour nos usines, des constructeurs de machines et de travaux publics, des chefs de manufactures, etc. et, de plus, de donner à tous ceux qui, par leur position sociale sont appelés à prendre part aux spéculations industrielles, une instruction positive capable de leur en faire apprécier et surveiller les opérations. » (Journal de Mons.)

Des hommes! Ils se présentèrent sans tarder et furent de qualité!
Dès qu'il apprit la création de l'Ecole, Barthélemi-Adolphe DEVILLEZ, alors assistant à « Centrale » à Paris, se présente, est accepté et reçoit le mandat de recteur et de professeur de mécanique et de constructions civiles. Il fut bientôt rejoint par son ancien élève Théophile GUIBAL. Nous retrouverons ces deux hommes, unis par un même idéal, luttant pour LEUR Ecole. S'ils réussirent, ce ne fut pas sans mal, car les obstacles étaient nombreux: conditions d'admission, programmes, vues de ceux qui devaient procurer l'argent, entre autres.

Un programme! Et d'abord un programme d'admission! Il fallait connaître {( l'arithmétique, le système métrique, l'algèbre élémentaire, la géométrie, le dessin linéaire et les principes de la langue française. Ce n'était pas beaucoup et il fallut encore s'en écarter pendant les années de tâtonnement, de 1837 à 1844.

Avec des bases aussi rudimentaires, il ne pouvait être question de former des ingénieurs universitaires: l'école se bornait à instruire de bons «contremaîtres »; elle y mettait deux ans. Elle était d'ailleurs jumelée avec l'Ecole Industrielle de Charleroi dont les ambitions n'étaient pas plus élevées. Ce que l'on voulait avant tout, c'était une formation pratique ou orientée vers la pratique, vers le rendement immédiat: on parait au plus pressé!

Malgré la modestie des ambitions et les «largesses» lors de l'examen d'admission, l'Ecole vivote pendant sept ans. Jugez-en: en 1837, 35 élèves; en 1844, 14 élèves '" Cela ne pouvait qu'attirer l'orage. Mais heureusement DEVILLEZ veillait: contre vents et mixées, il allait développer SON Ecole.




  • 2.Années d'adolescence (1844-1890)

Si l'Ecole avait été créée, on se doute bien que c'est grâce au sentiment qu'elle serait rentable pour l'industrie. Du moment qu'elle ne rencontrait qu'un succès mitigé, il devait se trouver des voix pour demander sa suppression: un conseiller provincial en fit la proposition au cours de la séance du 5 juillet 1844. L'énergie du Gouverneur Thorn et de Devillez évita le naufrage: la proposition fut repoussée et le programme fut même développé au-delà de ce qu'avait voulu son promoteur.

Dès l'année 1844-1845, on complète les études pour les porter à trois ans et on sépare les chaires de droit commercial et de législation douanière de celle d'économie politique. C'est à ce moment que l'Ecole prend le nom de « Ecole de Commerce, d'Industrie et des Mines du Hainaut. » Du coup, la population passe alors de 17 à 41 étudiants; mais, en 1851, elle retombe à 19. C'est à ce moment que s'opère la séparation d'avec l'Ecole Industrielle de Charleroi. Conséquence: le nombre d'étudiants remonte pour atteindre 78 en 1856.

Une nouvelle étape est franchie en 1857 : on crée les cours spéciaux de chimie, de docimasie et de métallurgie et, un peu plus tard, celui de chimie industrielle. L'ascension se poursuit: 110 étudiants en 1859! Les années suivantes connaîtront des hauts et des bas, car l'Ecole suit, avec deux ou trois ans de retard, l'évolution de l'industrie charbonnière. En 1865, lorsque Devillez est nommé Directeur Spécial, il n'y a plus que 65 étudiants. On en compte 72 en 1870, à la création du cours spécial de construction des machines et des chemins de fer qu'allait illustrer Léon Halley. Le conflit entre la France et la Prusse ramène ce nombre à 54 en 1871, mais plus personne ne songe à supprimer une Ecole qui a fait ses preuves.

Le développement est maintenant ininterrompu. En 1873, nouveau cours, celui d'exploitation des chemins de fer. En 1874, c'est l'euphorie: on compte 127 étudiants. En 1876, la durée des études est portée à quatre ans: l'institution se sent à l'étroit dans ses locaux de la rue des Ursulines;

1879 doit être pour nous une année mémorable, car elle voit l'implantation dans les locaux de la rue de Houdain. Guibal, qui avait pris sa retraite en 1877 n'eut pas la joie d'y enseigner, mais son souvenir allait toutefois y être perpétué dans la pierre, en même temps que celui de son ami Devillez.


Les dernières années du rectorat de Devillez furent encore féconde car c'est en 1880 et en 1881 qu'est élaboré un nouveau règlement subordonnant l'obtention du grade d'ingénieur à des études complètes de quatre années. Dès 1880, le corps professoral subit de profondes modifications par l'adjonction de jeunes éléments partisans des mathématiques supérieures qui souhaitent que l'Ecole laisse aux autres institutions de la province la formation des « contremaîtres» industriels; pour eux, il était nécessaire que l'Ecole dispensât des connaissances purement scientifiques approfondies indispensables aux ingénieurs qu'elle formait déjà. Malgré son désaccord, Devillez eut le grand mérite de ne pas s'opposer à cette rénovation; la réalisation sera cependant l'œuvre de son successeur, un " de la nouvelle vague ", Auguste Macquet, nommé professeur en 1881.



En 1882, de nombreux cours passent à de nouveaux titulaires et l'on adjoint un cours extraordinaire d'électricité au cours de physique générale. Enfin, en 1886, un an avant le cinquantenaire, le laboratoire spécial d'électricité est inauguré: on est loin de la pauvreté des débuts!

1887! Année inoubliable 1 Digne couronnement des cinquante années de rectorat et d'enseignement de Barthélemi-Adolphe Devillez. Le 30 octobre 1887, le Duc d'Ursel, gouverneur de la province, représentant Léopold Il, remet au Recteur les insignes de Commandeur de l'Ordre de Léopold et confie à J. Alardin, président de la Société générale des étudiants, notre premier drapeau en lui disant: « Au nom du Roi, je vous remets ce drapeau, symbole d'union et d'attachement à votre Ecole et à la Patrie L .. » Les deux guerres que notre pays a connues ne devaient Das démentir cette parole!

Devillez se retire en 1889; il peut être fier de son œuvre: elle vivra.
Il aura encore la joie de voir lui succéder en 1890, après l'intérim de M. Lambert, directeur divisionnaire des mines, Auguste Macquet. L'Ecole va prendre un essor remarquable, mais Devillez n'y assistera pas: en 1891, il rejoint dans l'éternité son vieux compagnon d'armes Guibal, mort le 16 septembre 1888.

  • 3.L'âge d'or

Dans la succession qu'il recueille, Auguste Macquet reçoit une école dynamique, avide de se développer encore. Il va s'efforcer de la porter au même niveau que les Ecoles Spéciales des grandes universités et même, devant celles-ci au point de vue scientifique. De 69 en 1889, ses étudiants passeront à 314 en 1900 !

Maintenant l'Ecole précède l'expansion industrielle et elle ne subit plus aussi fort qu'autrefois le contre-coup des crises économiques. Malgré celle des années 1900 à 1903, la population sera encore de 286 étudiants en 1905.

1905 connaît une nouvelle réorganisation: les études seront désormais nettement spécialisées, selon la nature du diplôme convoité et leur durée variera de trois à cinq ans selon ce diplôme.

Auguste Macquet s'était d'ailleurs attelé à la tâche dès le début de son rectorat. En 1891, il rend obligatoires les éléments de calcul différentiel et intégral; en 1894, nouveau renforcement des mathématiques. Il voulait en effet que les études soient les mêmes que dans les meilleures écoles spéciales universitaires, en sorte que nul n'y trouve argument pour contester à ses ingénieurs les avantages des lois du 10 avril 1890 et du 3 juillet 1891 sur la collation des grades académiques.

C'est dans cet esprit que s'effectue la réforme des examens d'admission (1898) et celle des cours techniques. Ces derniers sont développés à l'Ecole des Mines du Hainaut autant et parfois plus que les cours semblables de Liège; le nombre des travaux pratiques est tel que l'on peut parler du surmenage. Ainsi l'Ecole reste fidèle à sa tradition: tout en augmentant les connaissances scientifiques pures, maintenir le niveau des connaissances pratiques sans lesquelles il n'est pas de bon ingénieur!

En 1903 sont créés les cours d'électrochimie et d'électrométallurgie; parallèlement, le Recteur pousse l'organisation d'exercices de laboratoire de mécanique. A cette époque, le renom de notre professeur de géologie. CORNEZ, dépasse largement nos frontières et c'est sans difficulté que, sous son impulsion, on crée le titre d'ingénieur géologue. tel qu'il existe à Liège depuis 1900. Il suffit pour l'obtenir d'une année complémentaire aux ingénieurs des mines et aux ingénieurs des arts miniers et industriels.

L'énumération de tous les titres octroyés par la faculté serait fastidieuse; retenons qu'alors déjà, il faut cinq ans pour devenir ingénieur des mines, ingénieur métallurgiste, ingénieur mécanicien ou ingénieur électricien.

L'Ecole est fréquentée par des étudiants de diverses nationalités et ses ingénieurs sont partout accueillis à bras ouverts: si nous en croyons une statistique de 1902, sur 298 ingénieurs attachés aux charbonnages du pays, nous en comptons 181 issus de Mons contre 114 venant de Liège ou de Louvain. Mieux, un ancien de Saint-Etienne (France) considère notre Ecole comme un modèle du genre et il n'hésite pas à le publier.

  • 4. Le pallier de l'entre-deux-guerres (1920-1940)

Abordant l'histoire contemporaine, nous pouvons maintenant être plus bref.

Fermée de 1914 à 1920 par la décision de l'autorité occupante, l'Ecole connaît ensuite une période de transition qui, même si elle n'est pas aussi brillante que la précédente, n'en voit pas moins plusieurs innovations. Citons: la naissance d'un institut de métallurgie et, sous le rectorat de Jules Vernaux, la création d'une section d'électro-mécanique dont le succès sera rapide.

  • 5. L'âge "Lehaie" (1945-1974)

La période précédente a vu la construction des laboratoires du boulevard Dolez; après 1945, un nouveau bâtisseur va se révéler.

Dût sa modestie en souffrir, nous ne pouvons passer sous silence l'œuvre admirable de notre ancien recteur, Monsieur Pierre Houzeau de Lehaie .. Nous lui devons une série impressionnante de constructions: le Centre de recherches nucléaires de la rue Brisselot, notre magnifique citée estudiantine qui, c'est notre vœu sincère perpétua son nom pour les futures générations, et enfin, les laboratoires de la rue de l'Epargne et de la rue du Joncquois.


Du côté des études aussi, il y a du mouvement: la section des techniques opérationnelles et celle des ingénieurs architectes sont déjà des réalités; et nous ne savons pas ce que nous réservent nos «patrons» actuels. Déjà nous présentons du remue-ménage dans nos programmes et, même si ceux qui doivent nous succéder sur les bancs de notre vénérable « maison» boudent l'effort, nous avons la conviction que la Faculté Polytechnique de Mons, qui porte ce nom depuis 1947, vivra parce qu'elle le mérite et qu'on ne peut effacer d'un trait de plume 136 ans d'histoire. Serait-ce en vain que notre Souverain a tenu à remettre lui-même (à la fédération des étudiants), le 4 octobre 1962, son deuxième drapeau.

  • 6.Jusque nos jours (1974-2008)
A VENIR

  • 7.Conclusion

Voilà notre histoire; N'est-elle pas belle comme un conte? Un conte qui se serait écrit avec de la foi, de la volonté, de la sueur et dont les fées s'appelleraient Devillez, Guibal, Macquet, Dumon etc.